Les espèces de requins aux Galápagos

Une vision erronée des requins

Les requins font partie de l’imaginaire collectif et sont souvent vus sous un angle négatif dans notre culture occidentale, où ils seraient assimilés à de grands prédateurs sanguinaires et dangereux pour l’homme. Rien n’est moins vrai ! Ils sont un groupe d’espèce cruciale pour la vie des océans et l’équilibre des mers, des fossiles vivants pour certains, qui ont développé au cours des millénaires des stratégies de vie hors du commun. Leur rencontre en snorkeling ou en plongée fait donc partie des moments les plus fantastiques pour tout amoureux de la nature et de la faune sous-marine. L’archipel des Galápagos offre dans cette optique des options parmi les meilleures.

 

Combien y a-t-il d’espèces de requins aux Galápagos ?

Au total, dans les eaux territoriales des Galápagos, on compte aujourd’hui 33 espèces de requins. Ces espèces appartiennent au grand groupe des poissons cartilagineux (à l’inverse des poissons osseux) avec les raies et les chimères. Parmi les espèces les plus courantes et régulièrement observées on trouve le requin pointe blanche (Carcharhinus albimarginatus), le requin pointe noire (C. melanopterus) et le requin des Galápagos (C. galapagensis). Ce dernier, malgré son nom, se trouve dans une grande partie du Pacifique. Il est régulièrement confondu avec le requin requiem de sable (C. obscurus), également présent sur l’archipel. Ces 4 espèces sont des requins de récif que l’on rencontre relativement facilement au cours de snorkelings aux Galápagos.

 

Requin à pointe blanche sur un banc de sable à Mosquera

 

Mais les deux espèces emblématiques locales sont sans aucun doute le requin-baleine (Rhincodon typus) et le requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini). Ces deux espèces sont plus difficilement observables et se retrouvent principalement dans les deux îles du nord de l’archipel des Galápagos : Darwin et Wolf. Cette partie de l’archipel est réservée aux croisières de plongées. Peut-être vous souvenez-vous de ces îles, dans un précédent article, nous y décrivions cette nouvelle espèce de pinsons vampires ?

Aux Galápagos, la faune aquatique est tout aussi importante que la faune terrestre. La réserve marine du parc national Galápagos constitue l’une des biomasses de requins les plus grandes du monde avec une valeur estimée à 12.4 tonnes de requins par hectare. Et quand on sait que le nombre de requins a diminué de 90% ces dernières années, on comprend mieux l’importance de cette zone protégée. Le plus incroyable aux Galápagos est que dans certaines parties de l’archipel, la quantité de prédateurs (essentiellement de requins) est largement supérieure aux proies. Mais comment font-ils pour se nourrir ? Et bien, ils ne le font pas, ou du moins pas ici, le long des récifs côtiers rocheux des îles des Galápagos, car c’est la nuit venue, que les requins partent au large pour chasser, et très souvent bien loin des côtes.

 

Quels espèces de requins marteaux peut-on voir aux Galápagos ?

En ce qui concerne les requins-marteaux halicorne, ils se nourrissent essentiellement de calamars, de poulpes, qu’ils vont chercher en profondeur, mais aussi d’anguilles de jardin et autres poissons qu’ils chassent parfois en journée sur des fond sableux. Durant la journée ils se retrouvent en bancs, appelés écoles, de parfois plus de 300 individus tournant en cercle dans une danse qui a fait la renommée de l’archipel. Ces groupes profitent alors des eaux chaudes de surface pour le plus grand plaisir des plongeurs. Récemment, grâce à des systèmes de marquage, des chercheurs ont également pu montrer que ces requins effectuent ponctuellement des migrations entre les îles Coco (Costa Rica), Malpelo (Colombie) et Galápagos. Ces études ont d’ailleurs mis en route des discussions visant à mettre en place une extension des zones maritimes protégées entre ces différents archipels. Espérons qu’elles finissent par aboutir !

 

Requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini) dans les eaux de Wolf, Galapágos

 

Les requins-marteaux sont plus communs sur l’archipel entre juin et mars ce qui, selon les hypothèses des chercheurs, serait lié à leur période de reproduction. Mais des groupes d’individus ou des individus isolés sont présents toute l’année. Mêmes si les îles du nord sont les plus connues pour les observer, certains sites plus accessibles de l’archipel offrent régulièrement de très bonnes opportunités. Leon Dormido sur la côte ouest de San Cristobal est par exemple un site connu en ce sens. Enfin, ajoutons que bien que le requin halicorne soit l’espèce la plus courante, il existe deux autres espèces de requins-marteaux qui fréquentent l’archipel : le requin-marteau commun (Sphyrna zygaena ) et le grand requin-marteau (Z. mokarran).

 

Reconnaitre les requins Marteaux aux Galápagos

 

Quel est le plus grand requin ?

L’autre espèce emblématique de requins aux Galápagos est le requin-baleine (Rhincodon typus). Cette espèce solitaire peut être observée dans de nombreux endroits du monde et il est d’ailleurs prouvé que certains individus peuvent parcourir des distances énormes à travers tout le Pacifique. Mais les Galápagos – plus particulièrement les iles Darwin et Wolf – constituent un endroit privilégié pour leur observation en plongée. Avec ses quelques 20m de long, ce requin s’assure la place de l’espèce de poisson la plus grande du monde. La rencontre avec ces squales est impressionnante, même s’ils ne se nourrissent que de plancton et de Krill (près d’une tonne par jour). Au Galápagos ils sont présents de fin juin à novembre principalement dans le nord. Pendant cette période en effet, le courant venant du pôle sud (courant de Humboldt) amène des eaux riches en plancton. C’est donc cette concentration de nourriture qui les mène ici. Le reste de l’année les études semblent montrer que les individus se déplacent aléatoirement dans l’océan pacifique, effectuant des allers et retours vers l’archipel des Galápagos.

 

Le requin baleine (Rhincodon typus) dans les eaux de l’île Darwin, Galápagos, véritable “bus” des mers

 

Pour en finir avec une dernière anecdote sur ce groupe de poissons incroyables, sachez qu’une seule espèce est totalement endémique de l’archipel, il s’agit de la roussette des Galápagos (Bythaelurus giddingsi) que vous aurez sans doute peu de chance de rencontrer car elle vit à dans les zones profondes à 500 mètres de profondeur. Cette nouvelle espèce a récemment été décrite en 2012.

En revanche, parmi toutes les espèces de requins présentes aux Galápagos, 5 espèces sont classées comme vulnérables ou en danger d’extinction selon l’IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Mais à l’échelle mondiale on estime que 60% des espèces de requins sont menacées. La principale cause est bien sûr la surpêche et on estime à 100 millions par an le nombre de requins pêchés. A l’opposé, chaque année, le nombre d’attaques mortelles de requins dans le monde est de moins d’une dizaine (contre une cinquantaine de morts par an dues aux selfies ! et oui !!). La plupart des espèces de requins ont un cycle de reproduction long avec des maturités sexuelles tardives et le renouvèlement des stocks est donc actuellement beaucoup plus lent que l’effet d’extraction lié à la surpêche. Une bonne partie de cette pêche est bien sûr illégale et l’archipel des Galápagos n’est pas préservé de ce fléau. L’économie touristique est alors une alternative solide face à ces pratiques.

Il est donc temps de reconstruire une image nouvelle de ces êtres vivants incroyables ! Certains requins peuvent voir dans l’obscurité mieux que les chats, ils sentent 10 000 fois mieux que les humains, ont une ouïe excellente qui leur permet d’entendre des sons à plus de 2 kilomètres et ont aussi la capacité de détecter les champs électriques de leurs proies (grâce à leurs ampoules de Lorenzini, un organe présent chez les poissons cartilagineux). Les requins existaient sur terre avant même les dinosaures (200 millions d’années avant eux en fait !). Dans beaucoup de cultures, les requins n’ont d’ailleurs pas l’image que nos cultures occidentales leur en donnent aujourd’hui. A Tahiti ils sont associés à la sagesse, en Polynésie c’est une incarnation ultime de l’âme… Peter Benchley, l’auteur des Dents de la mer, à l’origine en partie de notre vision actuelle des requins, a milité jusqu’à la fin de sa vie pour la protection des océans !

Alors, si vous aussi souhaitez en finir avec vos préjugés, découvrir ces êtres incroyables, ouvrir encore un peu plus la porte de votre curiosité, peut être que les Galápagos sont une bonne option pour commencer !

 

Pour aller plus loin :

Les images incroyables de Ocean Ramsey nageant avec un grand requin blanc : https://www.youtube.com/watch?v=duSPHGiPhwk

Programme sur les requins du WWF : https://www.wwf.fr/especes-prioritaires/requins

 

Par Dorian Noël, amoureux de de tous les poissons, sans exceptions, même les requins !

Photos : Pierre Ferron et Xavier Amigo

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