Description du circuit :
Les Jivaros Achuar, qui vivent encore très isolés sur les rives du rio Pastaza en Amazonie équatorienne, sont à un tournant de leur histoire : ils doivent choisir entre pétrole et tourisme.
Alessandro Pignocchi a vécu en Equateur et en Bolivie, où il a travaillé comme guide ornitho en Amazonie et dans la région de Mindo. Chercheur en sciences cognitives et philosophie de l’art, il est en reconversion dans la bande dessinée et l’illustration. Sa première bande dessinée, "Anent: Nouvelles des indiens..
Jour 1: RENCONTRE AVEC LES ACHUARS
Arrivée en avionnette depuis la ville de Puyo ou de Macas, en fin de matinée. Tous les membres de la communauté nous attendent dans la maison communale avec le visage finement peint : notre visite est un événement important. Tandis que les femmes servent la bière de manioc et un repas copieux, Uwiti, le chef de la communauté, commente avec éloquence notre venue. Il profite ainsi du seul pouvoir que les communautés amazoniennes accordent à leurs chefs : celui de parler.
Après l’installation dans notre petite cabane qui domine le Pastaza, nous faisons le tour des 7 maisons qui composent la communauté. Trace d’un temps pas si lointain où l’habitat était dispersé, les maisons sont très espacées et séparées entre elles par des langues de forêt. Nous parlons de nos envies, peut-être de nos craintes et répondons aux questions des Indiens, souvent plus avides encore de découvrir notre culture que nous la leur. Au crépuscule, toucans, perroquets et singes se rassemblent dans les jardins autour des maisons, à la recherche de fruits.
Inclus : Déjeuner et Dîner locaux, Guide spécialisé francophone
Jour 2: ESPRIT DU MATIN ET DU JARDIN
Levé avec les Achuar deux heures avant l’aube pour participer au rite quotidien de la wayus. Tout en interprétant ses rêves, on boit, éclairés seulement par le feu et les lucioles, plusieurs litres d’une infusion légèrement amère que l’on vomit ensuite dans les taillis qui entourent la maison. Grâce à cette purge énergique, chaque réveil procure l’illusion d’une renaissance. Au lever du jour nous partons en forêt pour tenter d’observer singes, jacamars et peut-être ce jaguar qui chaque nuit émaille de ses empreintes les alentours de la communauté.
L’après-midi nous accompagnons une femme dans son jardin pour apprendre à ramasser et repiquer le manioc, découvrir les plantes aux usages variés qu’on y trouve et peut-être entrevoir des bribes de la pensée animiste qui organise et colore le quotidien. Pour les Achuar, la nature n’est pas mise à distance (le mot « nature » n’a aucun équivalent dans leur langue) ; les plantes et les animaux, avec qui on converse quotidiennement grâce aux chants anent, sont considérés comme des partenaires sociaux. Qu’une femme oublie de repiquer un pied de manioc et celui-ci lui apparaîtra la nuit suivante en rêve, sous la forme d’un nouveau-né éploré lui réclamant le sein.
Enveloppés par la brume odorante de l’aube, nous remontons le Pastaza en pirogue jusqu’à un affleurement de sels minéraux où viennent s’alimenter chaque matin plusieurs espèces de perroquets (ces affleurements salins, appelés « Napurak » en Achuar, donnent son nom à la communauté). Au retour, nous faisons halte sur une plage pour ramasser des grillons des sables qui nous servirons à pêcher différentes espèces de silures pour le déjeuner.
L’après-midi nous partons en forêt ramasser du cœur de palmier et faire le tour, en dehors de tout sentier, des palmiers abattus 15 jours plus tôt en espérant qu’un charançon y aura pondu ces grosses larves dont les Achuar raffolent.
La nuit, nous nous engageons sur un sentier à peine visible à la recherche de rainettes, serpents, singes et rapaces nocturnes. Nous rejoignons une petite rivière forestière que nous descendons jusqu’à la communauté en pirogue à rame à la recherche de caïmans.
Nous accompagnons aujourd’hui trois familles pêcher au poison végétal. Au-delà de la nourriture abondante qu’elles procurent, ces sorties sont l’occasion d’organiser de joyeuses parties de campagne auxquelles participent femmes, enfants et grands-parents. Une fois les feuilles contenant le poison ramassées dans les jardins et broyées, nous rejoignons une rivière à l’endroit où elle s’élargie et se ramifie en bras morts. Tout le piment de cette pêche vient du fait que les poissons ne sont que temporairement estourbis par le poison et qu’ils restent difficiles à capturer. Pour rendre l’activité plus ludique encore, les enfants confectionnent en quelques instants un radeau qu’ils chevauchent, hilares, à cinq ou six, armés de harpons et de machettes.
Une partie de la pêche est consommée sur place dans des papillotes de feuilles, agrémentée de banane et de miel de forêt. Au retour, nous prenons un moment pour partager la bière de manioc avec les Achuar, immergés dans le rio Pastaza
Les membres de Napurak se sont à nouveau réunis dans la maison communale, avides d’entendre nos impressions et nos remarques à propos de notre séjour chez eux. Une avionnette nous ramène à Puyo où à Macas, selon la suite de l’itinéraire.